L’état du système éducatif
« Revenir aux fondamentaux ! », ce devrait être le seul souci des intervenants de toute origine qui se sont, pour la nième fois, penchés sur le sort de notre système éducatif. Tout le reste n’est qu’un nouveau bla-bla superfétatoire. Par ailleurs, j’estime que Claude Thélot est mal placé pour être en première ligne dans la rédaction de ce rapport, lui qui est – a été – le directeur de la Direction Nationale de l’Evaluation et de la Prospective et qui donc par ce fait, porte une lourde responsabilité dans l’état des lieux qu’il vient d’effectuer. Rappelons tout de même que cette administration a englouti les « millions de Jospin » lorsqu’il fut ministre de l’Education Nationale. Je n’oublierai jamais la vision de palettes énormes de livrets d’évaluation à l’intention d’élèves de maternelle âgés d’à peine 3 ans, livrets heureusement jamais utilisés. Des tonnes de documents d’évaluation ont été acheminés dans les écoles, il était plus urgent à l’époque de mesurer, d’évaluer tous azimuts plutôt que d’apprendre ou d’acquérir de la connaissance. Nous étions tous effarés par le gaspillage des deniers publics. Claude Allègre s’est ensuite obstiné dans la même voie. L’Education Nationale a été en fait, au cours des 20 dernières années, un champ d’expérimentation de tous les pseudo-pédagogues et donc de tous les ministres successifs de gauche comme de droite. Les enseignants zélés qui se sont précipités sur toutes les réformes n’ont fait qu’obéir aux instructions relayées par les Inspections Départementales. Le paradoxe c’est que les enseignants les plus rebelles, les moins dociles ont finalement pu préserver contre vents et marées, la qualité de leur enseignement en préservant leurs élèves d’expérimentations hasardeuses et parfois désastreuses, d’où le succès actuel d’enseignants traditionnels comme Marc Le Bris… Certains syndicats enseignants ont participé également à cette lente régression en privilégiant les gourous de service tels que l’incontournable Philippe Meirieux, directeur de l’I.U.F.M. de Lyon, persuadé de détenir les clefs de la vérité pédagogique et invité à tout moment à entraîner les jeunes enseignants dans de mauvais chemins.
La priorité aurait toujours du être donnée au temps passé devant les élèves, or, les réformes successives ont diminué systématiquement ce temps précieux avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer.
1 – Les horaires hebdomadaires ont diminué régulièrement : 30 h > 27 h > 24 h
2 – La semaine de 4 jours (là où elle a été mise en place) a été et est toujours une véritable catastrophe pédagogique, ne tenant absolument pas compte des rythmes de l’enfant…
3 – La part consacrée à l’enseignement du français et notamment de la lecture n’a cessé de diminuer telle une peau de chagrin à chaque réforme… Chaque réforme a demandé aux enseignants d’ajouter des disciplines nouvelles et souvent farfelues dans un emploi du temps de plus en plus serré…
4 – L’abandon progressif des textes qu’étaient les Programmes et Instructions Officielles (véritable bible de l’instituteur des années 70) au profit du sacro-saint projet d’école à également contribué au nivellement par le bas : projets d’école loufoques, équipes d’enseignants perdant ainsi peu à peu la notion de responsabilité pédagogique individuelle au profit d’une responsabilité de groupe que personne n’assume ensuite, quand tout va mal. L’élève devient un « produit » et le directeur d’école un chef de projet. Les techniques commerciales devaient-elles s’appliquer à l’école ?
J’entends ce 19 octobre 2004 Alain Finkielkraut sur France Culture et curieusement (je suis souvent en désaccord avec lui), je rejoins ses analyses.
Marc DANIEL, directeur d’école retraité depuis juin 2000